Ne pas être heureux est aujourd’hui synonyme d’échec personnel et social. Plus rien ne devrait être hors de notre pouvoir. Pas même le bonheur.
Mais quelles sont les conséquences du matraquage de cette « pensée positive » sur nos vies professionnelles et familiales, sur nos existences toutes entières?
Que tait-on pour être en mesure de renvoyer aux autres cette image de l’employé(e), de la femme, de la famille parfaite?
Comment est-il possible d’intérioriser sans dommage une telle injonction au bonheur, une telle responsabilité?
Et de quoi cherchent à se dédouaner les acteurs du capitalisme en faisant reposer une telle responsabilité sur l’individu?
C’est ce que décortique ce livre. Un véritable bonheur pour moi qui suis depuis toujours horripilée par les rayonnages de développement personnel qui phagocytent toutes les librairies et par les petites phrases qui fleurissent inlassablement sur les réseaux sociaux telles que « Le bonheur est un choix » (celle contre laquelle j’ai été la plus véhémente je crois).
J’ai tellement ressenti de colère à ce sujet sans parvenir à en faire une analyse aussi juste que ce livre.
Parce que, oui, la société de consommation dans laquelle nous vivons a tout intérêt à nous voir nous ruer sur toutes les dernières méthodes de pleine conscience, de calinâge d’arbres et de pliage de tee-shirts. Pendant que nous nous occupons de nos armoires et de notre enfant intérieur, nous oublions que nous avons le droit de nous révolter. Mes émotions ne sont pas des marchandises. Je tiens tout autant à celles qui gênent qu’à celles qui rassurent. Parce que je suis une personne. Pas une unité de production.
A lire de toute urgence et l’esprit bien ouvert.
Extraits:
« L’approche scientifique du bonheur et l’industrie du bonheur qui fait son apparition et qui prospère avec elle contribuent de façon significative à entériner l’idée selon laquelle la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie seraient de notre seule responsabilité. Cela légitime également l’idée selon laquelle il n’y aurait pas de problème structurel mais seulement des déficiences psychologiques individuelles. »
« Ceux qui ne font pas de l’adversité une occasion et un moyen de renforcer leur moi sont ainsi suspecter de désirer et de mériter leur infortune, et ce quelles que soient les circonstances. »
« Le néolibéralisme (…) devrait être considéré comme un nouveau stade du capitalisme se caractérisant par l’extension implacable du champ de l’économie à toutes les sphères de la société. »
Intéressant !!
Je ne sais pas si je le lirai mais je pense être d’accord avec ce qui y est dit… Sans l’avoir réalisé jusqu’ici. Tu me suis ? 😁
Fascinant sujet. Je suis assez d’accord avec toi d’ailleurs. L’injonction au bonheur, ça m’étouffe personnellement.
J’ai horreur des livres de développement personnel et peut être autant (voire plus) des petites phrases sentencieuses et bêbêtes qui fourmillent sur le net, ces injonctions ridicules qui caricaturent le plus souvent la pensée de celui qui l’a prononcée (voire qui est supposé l’avoir prononcée car j’ai parfois des doutes sur la réalité des attributions…). Autant cela m’amuse d’ouvrir une papillote et de lire une citation en mangeant mon chocolat, autant je ne supporte pas de lire ces injonctions affichées sur les réseaux sociaux, qui t’explique que forcément le bonheur est à portée de ta main et qu’il attend juste que tu te prennes en main (justement!) et tu vas y arriver, enfin non que tu DOIS y arriver. Je range dans la même catégorie les injonctions selon laquelle vider ta maison est synonyme de joie et de bien être- et si mon bonheur à moi c’est de vivre dans une maison remplie de vaisselle de Digoin avec des placards pleins de Liberty? (à chacun ses fantasmes et ses goûts!!) Trouver du sens à sa vie va bien au delà de ces quelques phrases creuses- alors trouver le bonheur à l’aide d’une formule magique, quelle absurdité!