« Tout ce qui est écrit continue de vivre dans l’absence » (2)

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Les quatre dernières séances de l’atelier d’écriture de cette année ont été, comme l’an passé, consacrées à la rédaction d’une nouvelle.

Vous pouvez lire mon interprétation de la première séance ici.

 

Pour ne pas « déflorer » l’intrigue, je noterai cette année les consignes données par l’animatrice en début de séance après mon texte.

Temps imparti : 1 heure

Pour ma part, j’ai écrit ça :

« Une semaine s’était écoulée depuis que Camille avait annoncé à Maud à quel point elle était amoureuse. Une semaine qui n’avait pas tenu les deux amies éloignées l’une de l’autre.

Maintenant que le secret était révélé, Camille se faisait une joie de partager avec Maud les moindres détails de chacune de ses rencontres avec l’élu de son cœur.

C’est ainsi que Maud savait désormais dans quel orchestre travaillait Kamil, qu’il était allergique aux crustacés, mais raffolait du poisson, qu’il avait une sœur aînée qu’il adorait, que sa couleur préférée était le pourpre et mille autres choses tout aussi fascinantes.

Camille avait conscience de se complaire dans l’euphorie des premiers jours d’une histoire d’amour et elle n’en aimait que plus Maud qui l’écoutait des heures durant et répondait à ses mails et textos enflammés à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour s’extasier avec elle sur des points de détail de la dernière rencontre. Elle savourait le bonheur de connaître les palpitations de l’amour sans que son amitié avec Maud en pâtisse.

Elle s’apprêtait d’ailleurs à prendre quelques minutes de pause dans son travail pour appeler Kamil et fixer l’horaire de leur dîner quand elle reçut un message de son amie. Camille appuya sur l’icône lui indiquant ce nouveau SMS et lut :

“Je sais que tu as rendez-vous avec Kamil ce soir, mais je dois impérativement te voir avant. Rejoins-moi à dix-neuf heures à la maison. Je t’embrasse. Maud.”

Le cœur de Camille se mit à battre la chamade. Ces rendez-vous mystérieux n’étaient pas du tout le genre de Maud. Elle essaya immédiatement de la rappeler, mais abandonna après être tombée trois fois de suite sur sa messagerie. Elle fit un rapide SMS à Kamil pour décaler leur dîner à vingt et une heures. Maud avait toujours était là pour elle et elle ne voulait pas être pressée si son amie avait besoin d’elle.

Les dernières minutes de la journée parurent durer des heures. Camille ne parvenait pas à travailler tant elle était préoccupée, mais il était pour autant totalement inutile de quitter le bureau plus tôt. Maud travaillait habituellement tard et n’était probablement pas chez elle.

Sitôt dix-huit heures sonnées, Camille se précipita dans un bus pour rejoindre son amie. Il lui fallait traverser toute la ville et, à l’heure de pointe, elle ne serait probablement pas en avance au rendez-vous.

Camille égrenait les minutes qui la séparaient de Maud. Elle laissait défiler le paysage urbain sous ses yeux distraits et ne pouvait s’empêcher d’imaginer des scenarii tous plus catastrophiques les uns que les autres pour justifier le message qu’elle avait reçu dans l’après-midi.

Quand le bus la déposa dans la rue où vivait Maud, Camille bondit sur le trottoir et, bien qu’elle disposât de plus de dix minutes pour parcourir les quelques mètres qui la séparaient de chez son amie, elle pressa le pas. En avance sur l’horaire convenu, Camille sonna néanmoins chez Maud sitôt qu’elle fut arrivée devant sa porte.

Les traits marqués, Maud lui ouvrit immédiatement. Il sembla à Camille que son amie avait pleuré et elle paraissait bouleversée, comme tenaillée par une immense inquiétude.

Sans prononcer un mot, Maud prit la direction du salon et Camille lui emboîta le pas. Elles s’assirent toutes deux dans des fauteuils en vis-à-vis et c’est Maud qui rompit le silence.

“Je suis désolée si je t’ai inquiétée Camille, mais je voulais absolument te parler le plus rapidement possible. Ce que je vais te dire va te paraître étrange, mais il faut à tout prix que tu me fasses confiance. Tu sais que je ne ferais jamais rien qui puisse aller contre tes intérêts, n’est-ce pas ?”

La voix de Maud était atone. Il semblait à Camille qu’elle récitait un texte qu’elle avait appris par cœur. Elle se contenta de hocher la tête pour lui faire signe de continuer.

“Je voudrais que tu rompes avec Kamil. Maintenant. Prends ton téléphone, écris-lui un message pour lui dire que tu ne souhaites plus le revoir et passe à autre chose.”

Camille était abasourdie. Durant les heures qui s’étaient écoulées entre le message de son amie et leur rendez-vous, elle avait eu le temps d’échafauder des centaines d’hypothèses, mais la réalité dépassait tout ce qu’elle avait pu imaginer.

“Mais pourquoi Maud ? Je te fais la promesse qu’il ne changera rien entre nous. On peut même convenir toutes les deux d’une soirée par semaine qui nous serait réservée. Une soirée filles. Tu n’as rien à craindre de lui.”

Maud interrompit sèchement Camille.

“Tu n’y es pas du tout Camille. Il n’est pas question de moi. Je ne peux pas encore t’expliquer de quoi il retourne, mais je te promets que tu en sauras plus demain. En attendant, fais-moi confiance et quitte-le.

– Non.”

Le visage de Camille s’était empourpré et sa mâchoire tremblait d’indignation.

“Non Maud. Je ne le quitterai pas. Je suis heureuse pour la première fois depuis des années et c’est grâce à lui. Il est hors de question que je le quitte pour satisfaire un de tes caprices.”

À ce mot, Maud se leva d’un bond et approcha son visage à quelques centimètres de celui de Camille avant de se mettre à hurler :

“Ce n’est pas un caprice Camille ! Bon Dieu ! Ne fais pas l’enfant ! Que connais-tu de cet homme ? Vous vous êtes vu dix fois et déjà tu lui fais plus confiance qu’à moi ? Je te demande pour la dernière fois de me croire et de sortir ton portable pour rédiger ce foutu message.”

Oppressée par la colère de son amie, Camille se sentit acculée. Elle l’a repoussa vivement des deux mains et, alors que Maud s’emparait de son sac pour en sortir son téléphone, elle la gifla de toutes ses forces.

Surprise, Maud se mit à pleurer, une main sur la joue rougie par le coup. Sans un regard pour son amie, Camille se pencha pour récupérer son sac et sortit de l’appartement. Elle fit les premiers mètres en direction du centre-ville en courant, comme si elle s’attendait à ce que Maud la poursuive dans la rue. Puis, à bout de souffle, elle s’arrêta et fondit en larmes.

Qu’avait-il bien pu lui passer par la tête ? Maud était quelqu’un de si raisonnable d’habitude. Pourquoi était-elle subitement devenue aussi jalouse ?

Camille était effondrée. Elle se tourna naturellement vers la seule autre personne à même de lui apporter le réconfort dont elle avait besoin et composa le numéro de Kamil.

“Chéri ? C’est moi. On peut se retrouver tout de suite ? Je viens d’avoir une terrible dispute avec Maud. Je l’ai frappée. Je ne me sens pas bien du tout. J’ai vraiment besoin de toi.” »

Les consignes de la deuxième séance étaient les suivantes :

« Quelques jours après l’épisode précédent, Camille reçoit un SMS de son amie lui demandant un rendez-vous pour lui parler. Elle veut la convaincre de rompre sa liaison. Les deux femmes se disputent et se quittent fâchées. Camille appelle son amant. »

 

10 Replies to “« Tout ce qui est écrit continue de vivre dans l’absence » (2)”

  1. Haaaaaaaaa mais tu nous tiens en haleine… Quelle torture d’attendre; je suis aussi impatiente qu’avec la trilogie des Elena Ferrante (parait d’ailleurs qu’il y aurait un n°4 en préparation…)

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